Connectés au monde émotionnel des adultes dès la naissance, les enfants sont naturellement de grands intuitifs. Précieux, ce contact à leur intériorité et à leurs ressentis peut être valorisé et accompagné au fur et à mesure qu’il grandit.
Véritables éponges émotionnelles, les enfants sont naturellement intuitifs. Ainsi, le tout petit, dès les premiers temps de sa vie, vit dans l’expérience immédiate du ressenti, relié à ses parents et au monde par ses émotions, sorte de fil d’Ariane qui l’informe sur son environnement. Ainsi, il « sait intuitivement » l’état psychologique de son entourage, sans même qu’il y ait besoin d’une verbalisation. Le bébé va absorber littéralement l’état sensitif de ses proches, et de sa mère en particulier, pour le faire sien. Son monde de perception est extrêmement développé, sur un mode fusionnel. Un état considéré par certains psychanalystes, comme un état « télépathe ».
Porosité psychique et enfant télépathe
Appelé état « originaire », cet état de porosité psychique culmine jusqu’aux deux ans de l’enfant, et se poursuit pendant l’enfance pour persister sous une forme embryonnaire chez certains adultes sensibles, et pourrait expliquer des phénomènes de transmission de secrets de famille par une forme de communication d’inconscient à inconscient. « Plongé dans bain commun mental avec son entourage, le psychisme de l’enfant capte et intègre des informations qui appartiennent non seulement à ses parents ou à ceux qui s’occupent de lui, mais à ceux qui les ont précédés. Dans le cas de beaux-parents ou de parents adoptifs, il semble en être de même. Cette capacité fait que l’enfant est connecté à une réalité qui se place « hors temps »et « hors espace » ; elle s’étend de la période foetale jusqu’à l’âge d’environ trois ans, elle perdure jusque vers dix ans pour disparaître avec l’adolescence, quoiqu’il en reste des traces chez tout adulte« , explique ainsi le psychanalyste transgénérationnel Bruno Clavier*.
Ainsi, l’enfant sait spontanément certaines choses, sans savoir comment il les sait. Cependant, Au fur et à mesure de son développement, ces informations sensibles peuvent être brouillées par l’approche contradictoire et rationnelle des adultes. « Un enfant qui sent que sa mère est triste et qui lui répond qu’elle va très bien, alors que c’est faux, va vivre un conflit intérieur. Il va alors considérer son intuition comme fausse, puisqu’elle contredit son parent pour qui il a amour, admiration et respect », explique le thérapeute suisse Darpan. Des parents peuvent ainsi, agis par des peurs conscientes ou inconscientes, détourner l’enfant de ses propres penchants, et lui apprendre à se méfier de ses ressentis, perçus comme dangereux.
Vision qui va de l’extérieur vers l’intérieur
En grandissant, le petit comprend, à ses dépens, qu’il ne peut se fier à son intuition, qu’elle n’est pas la norme pour obtenir des informations sur le monde qui l’entoure et qu’il vaut mieux la mettre de côté. « On vit dans un monde de résultats, d’objectifs qui nous éloignent des capacités perceptives, sensibles et intuitives. À l’école, on demande aux enfants de se « concentrer », c’est-à- dire développer une vision qui va de l’intérieur vers l’extérieur. Regarder le dessin, le professeur, le tableau. On ne stimule pas la vision qui va de l’extérieur vers l’intérieur. Noter comment une image surgit à l’attention et la prendre en compte, par exemple. De même, on n’apprend pas la nuance du peut-être. On est soit dans le oui, soit dans le non. Les enfants ont un rapport naturel au jeu, à l’imagination et au paradoxe… Mais on leur apprend vite à en sortir. », explique l’hypnothérapeute Patrick Bellet**.
Accompagner, encourager ses enfants pour justement leur permettre de garder, voire de valoriser, cette vision qui va de l’intérieur vers l’extérieur, est essentielle. Parler d’intuition à son enfant, c’est l’éveiller à la question de son intériorité, l’importance d’être à l’écoute de lui-même, de ses besoins. C’est lui apprendre à se fier à ses ressentis, pour développer sa confiance en lui. C’est aussi un message fort qui lui est envoyé dans l’acceptation de toutes les facettes de qui il est, notamment sensibles. Cette base sera comme un fil conducteur à suivre pour des choix et des décisions à faire plus tard au cours de sa vie. Cela permettra peut-être qu’en grandissant il reste connecté à son intuition, ayant compris qu’il s’agit là d’un trésor à protéger.
C’est la petite voix dans ton coeur
Comment faire pour préserver ce précieux capital intuitif chez lui? On peut lui expliquer que l’intuition, c’est « la petite voix dans son cœur », qui sait si quelque chose est bon ou pas pour lui, comme celle du Petit Prince de Saint Exupéry qui dit : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Et que c’est important de l’écouter pour être heureux, se sentir bien, choisir son métier, ses amis, faire des découvertes. La société étant fondée sur la valorisation de la réussite matérielle, il est important de rappeler que le plus important dans la vie, c’est d’être soi-même, et que l’intuition peut beaucoup l’aider pour ça.
Il aussi précieux de lui rappeler que tout le monde a cette capacité d’intuition en soi. Elle n’est pas réservée à certaines personnes dotées d’un don particulier, aux femmes ou aux artistes. Les scientifiques par exemple, des chefs d’entreprises, ont recours à l’intuition. On peut en profiter pour lui expliquer qu’il existe plusieurs formes d’intelligence, pas que celles de la logique ou des mots, et que la capacité de comprendre ses émotions et celles des autres constitue une forme d’intelligence en soi, l’intelligence émotionnelle et intuitive (voir article Intelligence émotionnelle, intelligence intuitive : la fin de l’hégémonie du QI). Et comme les enfants aiment les exemples concrets, on peut leur dire par exemple qu’Einstein, qui était un grand savant, pensait que l’intuition était « la chose la plus importante au monde » et que tous les artistes s’en servent pour créer, imaginer, inventer des nouvelles choses….
Complémentarité de intuition et émotion
Le bon moment pour lui parler d’intuition à son enfant est peut être justement sept ans, le fameux âge de raison, où on peut lui rappeler la complémentarité de ces deux fonctions, l’une rationnelle et l’autre sensible. Mais cela peut se faire bien sûr avant ou après avec les bons mots en fonction de la sensibilité de l’enfant.
Au delà de lui parler d’intuition, voici quelques pistes à suivre pour entretenir la capacité d’intuition chez l’enfant :
– Apprenez-lui à identifier en lui et nommer précisément ses émotions, et aussi à faire de même avec celles des autres;
– Vous-mêmes, ne trichez pas avec vos émotions. Si vous êtes triste, mais que vous niez, l’enfant va vivre un conflit intérieur. Dites ce que vous ressentez, avec les mots choisis.
– Incitez-le à faire attention à ses ressentis corporels, à prêter l’oreille à ses sensations de bien-être ou de malaise, voire des images qui peuvent lui venir à l’esprit;
– Respectez ses intuitions sans les juger, même si vous les comprenez pas, surtout celles du type « je n’aime pas cette personne », qui doivent attirer votre attention, et l’inciter, s’il le peut, à en dire plus et comment cela se manifeste en lui;
– Sensibilisez-le à faire attention à ses rêves, lui expliquer qu’ils sont importants pour lui, et qu’il peut apprendre à les écouter, et même les dessiner ou les écrire;
– Laissez libre cours à son imagination sans jamais la brider ou la juger;
– Vous-mêmes, partagez naturellement vos intuitions lorsque vous en avez, sans les enjoliver, les rendre exceptionnelles. et en étant bien au contact du discernement Vous pouvez lui raconter un exemple d’intuition importante qui vous a guidé dans votre vie.
Isabelle Fontaine
*source : https://www.clavier-bruno.org/la-psychanalyse-transg%C3%A9n%C3%A9rationnelle/l-originaire/
**Interview extraite de Développez votre intuition pour prendre de meilleures décisions, Isabelle Fontaine, ed. Quotidien malin.
Venez découvrir votre profil intuitif et développer votre intuition – Stage « Libérez la voix de votre intuition » les 12-13 octobre 2024 , Paris. Renseignements et inscriptions Isabelle Fontaine [email protected]; 06 63 72 25 23
A reblogué ceci sur L'ouverture du coeur by Saphir Me.
A reblogué ceci sur Will Summer – Sum Liber.
Bonjour, je viens de découvrir votre blog par un lien Facebook, et suis très content de vous avoir trouvé, l’intelligence émotionnelle étant, selon moi, l’un des axes centraux de notre « intellection ». Je trouve très intéressant que vous attachiez tant d’importance à l’intuition qui est aussi une faculté essentielle de l’être humain – nombre de vies ont été épargnées au cours de l’histoire grâce à l’intuition des gens.
De fait, l’intuition, à ma connaissance, est généralement considérée comme étant une faculté « féminine » (ce qui ne m’empêche pas d’en avoir, de temps en temps… 😉 ), et l’instinct, quand à lui, pourrait plutôt être considéré comme une faculté « masculine »… Etant donné que ces deux facultés se ressemblent un peu – ce sont des interactions en-deçà du seuil de la conscience active mais qui nous incitent à des actes particuliers, je me demande si l’origine neurologique de « l’intuition » et de « l’instinct » a été constatée d’une manière ou d’une autre (avec des électrodes &c…) – dans ce cas, ces deux facultés ont-elles leur siège dans le cerveau profond (plus atavique), et les sensations instinctives trouvent-elles leur siège dans le cerveau gauche, comme les sensations intuitives dans le cerveau droit?
Bonjour Willsummer, merci de votre commentaire qui aborde une question fort complexe et tout aussi passionnante : D’où vient l’intuition? Où se loge-t-elle? Comment la détecter et la mesurer? Force est de constater aujourd’hui qu’on ne peut apporter une seule réponse à ces questions. Les neurosciences situent ‘traditionnellement’ tout ou partie des raisonnements intuitifs dans le cerveau droit (ou du moins la partie droite de notre cortex). Mais des découvertes récentes tendent à mettre en évidence que les raisonnement intuitifs impliquent toute l’encéphale et soit le résultat d’échanges entre les deux hémisphères. La question de l’intuition est intimement liée à celle de la conscience. Où est-elle? Dans quelle partie du cerveau? Pour certains scientifiques, je pense à Rupert Sheldrake, la conscience n’est pas forcément située physiquement dans le corps, mais relève de « champs d’informations » extérieurs. Pour certains psys, jungiens par exemple, l’intuition vient de l’inconscient, qui peut revêtir une dimension collective, et donc rayonner au delà de l’individu. On peut alors parler d’intuition, en tant que forme de communication d’inconscient à inconscient, que l’on est incapable d’expliquer mais dont on constate l’existence.
Vous évoquez aussi l’intuition et l’instinct. Au delà du fait que l’un est associé au féminin et l’autre au masculin, on peut dire que l’instinct relève de l’action, de l’urgence, de la survie, alors que l’intuition est plus « spirituelle », dans le sens de relever de l’esprit. Pour le sage indien Osho : « quand le corps fonctionne, on appelle cela l’instinct », quand l’âme fonctionne spontanément, on appelle ça l’intuition. Les deux sont au delà de l’intellect, et les deux bons »
Merci pour la réponse Isabelle 🙂
C’est en effet un sujet passionnant que celui de nos facultés « dépassant » notre compréhension; bien que j’aie l’esprit curieux et aime trouver des réponses à mes questions, il y en a parfois certaines pour lesquelles je me satisfais de mon ignorance, comme si celle-ci en garantissait la viabilité…! 😀
Toutefois, c’est quand même bien de trouver des choses à dire, même si le fond de la question nous échappe, ou semble nous échapper. Je suis sensible aux idées de Jung comme à celles des « champs causals » (causaux?): l’information est une conjonction de champs de force constituant la matière et toutes les interactions se trouvant dans le monde sensible. Je ne pense pas que les deux soient incompatibles, mais relèvent simplement de grilles de lecture différentes…
Je vous dis cela, mais je n’ai pas vraiment poussé la question jusqu’à faire des vérifications philologiques formelles; disons que c’est mon « intuition » qui me le chuchote 😉
Pour l’instinct, ce que vous dites est certes vrai, mais peut-être (?) incomplet: ne dit-on pas des enfants accomplissant pour la première fois des gestes compliqués, « il l’a fait pas instinct »…?
Du coup, nous sommes en effet devant des capacités de calcul « supérieures », mais qui demeurent sensiblement différentes l’une de l’autre, par… des grilles de lecture différentes?
Oui, c’est vrai, on peut avancer que l’instinct relève de l’acquis, d’une sorte de programmation biologique, et pas forcément d’une capacité « supérieure ». A vrai dire, je ne fais de différence entre intuition et instinct, je pense que ce sont deux facettes d’un même phénomène, global et qu’il est difficile d’appréhender, par essence, car il est kaléidoscopique.
OK… 🙂
Belle image – ou vue de l’esprit – que la référence à un kaléidoscope… Est-ce l’essence, ou la nature de l’esprit? (question rhétorique 😉 ). Et si je puis me permettre, à la naissance cet instinct serait « inné », et par la suite se perfectionnerait durant la vie pour rajouter de « l’acquis » à la « recette » transmise à la génération suivante, qui se retrouverait donc avec un « inné » enrichi, et ainsi de suite… Du coup, il en serait de même aussi pour l’intuition.
Maintenant, comme ton article l’explore, la question est de la transmission de parent à enfant, de ces facultés. Nous avons l’habitude des livres d’école, de l’éducation civique et de la rationalisation scientifique, au point que ce qui ne vient pas d’un livre peut nous paraître douteux, une fois le passage par l’éducation nationale effectué (opinion personnelle, bien sûr…). Il n’y a pas de livre d’école sur l’apprentissage de l’usage de l’intuition, ou de l’instinct, et ceux-ci se voient parfois dénigrés, comme n’étant pas dignes de confiance… Qu’en penses-tu? (si je peux vous tutoyer, et je vous invite à faire de même)
Oui, on se tutoie, bien sûr. La question de l’école « classique » que tu soulèves est délicate. Il est évident qu’il y a un manque très grand d’ouverture d’esprit car l’objectif est de former uniquement des têtes bien pleines, du moins, intellectuellement… D’où l’attirance actuelle pour les écoles alternatives (steiner, montessori, freinet, de croly), qui n’hésitent pas à explorer d’autres facettes de l’apprentissage et ainsi favoriser la différence et la créativité des enfants. Elle sont en avance concernant la question des intelligences multiples (évoquées dans un article sur ce blog, si ça t’interesse, lis-le : http://histoiredintuition.com/2014/01/21/intelligence-emotionnelle-intuitive-fin-hegemonie-qi-isabelle-fontaine-auteur-livre-intuition/). Seul regret, et de taille : ces écoles sont ultra chères et inaccessibles à la plupart des budgets. J’ai l’espoir que cela change, car même si ces écoles ne sont pas parfaites, elles proposent un modèle vraiment intéressant pour le développement des individus et donc de la société.
Je suis dominée par la 4ème options qui me sert beaucoup pour la rédaction de mes articles sur mon blog et comme vous précisez si bien , elle apporte avec elle des bénédictions <3
Merci de votre commentaire Lune Soleil, il y a aussi beaucoup de choses à raconter sur les capacités intuitives potentiellement présentes dans un thème astrologique, j’imagine que dans votre pratique (et sur votre blog http://lunesoleil23.wordpress.com/) c’est quelque chose qui est important…
Ah oui Isabelle , je fonctionne très souvent avec l’intuition qui est mon moteur dans la rédaction de mes articles … <3 <3 <3
Oui, l’intuition est très importante dans tout travail créatif, en effet, à bientôt Lune Soleil!
Pour l’intuition en astrologie et faut étudier la position de Neptune et ces aspects, la maison 12 et le signe des Poissons … <3
Merci de ces précisions!
Bonjour Isabelle, merci pour ce très bel article !
Etant maman aussi, également passionnée par le sujet de l’intuition, j’ai très souvent remarqué la facilité avec laquelle ma fille de 8 ans suit sans sourciller ses intuitions. C’est tellement spontané et naturel pour elle, c’est beau à voir ! Il est évident que l’enseignement Freinet qu’elle suit en école associative occitane (Calandrette) encourage fortement ce processus chez les enfants. Elle favorise beaucoup le travail autonome et associatif des élèves entre eux.
On devrait, à l’école, apprendre à reconnaître et nommer noss émotions. Dans certains pays, des cours d’empathie et de fonctionnement du cerveau sont dispensés (je pense notamment à la Grande Bretagne, ou à certains pays du nord de l’Europe)… Qu’attend-on en France ?
Merci pour ce blog et votre travail !
A bientôt 🙂
Merci Alix de votre message! Oui, les écoles alternatives Steiner, Freinet ou Montessori visent justement à préserver ce capital intuitifs et intérieur chez les enfants, cette spontanéité d’Etre, on pourrait dire. Je découvre aussi par la même occasion votre blog Destination Intuition et vous souhaite le meilleur sur cette belle route, dont nous partageons une passion commune 🙂 Bien à vous,
Isabelle
Merci beaucoup Isabelle pour votre intérêt et vos encouragements, ça me touche 😊, très bonne fin de journée et à bientôt !
Avec plaisir, à bientôt 🙂