Par définition, une intuition est toujours juste, vraie, pertinente. C’est son essence même ! Oui… Mais, les choses sont parfois plus complexes, les pièges des intuitions-illusions étant pernicieux. Quelques pistes pour apprendre à les déjouer.
Qui un jour n’a jamais été mené en bateau par une fausse intuition ? Qui n’a jamais été sûr que son instinct disait vrai, pour apprendre par la suite qu’il s’était trompé ? Qui alors n’a jamais été déçu, perdant alors confiance en son 6e sens : « Voilà, c’est ça, je le savais, je n’ai pas d’intuition. Je suis nul. La prochaine fois, je me méfierai un peu plus… » ? Matière fragile et évanescente, l’intuition est par définition sujette à des approximations… Il peut arriver ainsi de confondre l’intuition avec d’autres manifestations de l’esprit comme la projection, les préjugés, et même, ô comble, les raisonnements. Pourtant, il est assez simple de déjouer ce que j’appelle les pièges des intuitions-illusions. Ou en tout cas au moins d’essayer… Quelques éléments pour éclairer votre lanterne intuitive.
Les 4 pièges des « intuitions-illusion »
1- L’intuition vraie est spontanée, elle n’est pas le résultat d’une déduction intellectuelle
Le mot intuition est souvent galvaudé, utilisé à tout de champ dans les conversations… Paradoxalement, il peut parfois exprimer une pensée « rationnelle », organisée, qui est souvent le résultat d’un raisonnement intellectuel, à caractère déductif. Ce peut être quelque chose du genre « J’ai remarqué que mon collègue de bureau a une attitude bizarre depuis quelque temps. Contrairement à son habitude, il fuit toute conversation. Il n’arrête pas de recevoir et d’envoyer des sms et la dernière fois, j’ai entendu qu’il parlait au téléphone avec une voix féminine… J’ai l’intuition qu’il entretient une liaison». Ici, il ne s’agit pas d’une intuition au sens ‘authentique’ du terme, car la personne passe par la case « réflexion ».
Décryptage : une intuition surgit spontanément et s’impose à nous si nous savons la capter. Elle ne transite pas par la raison ou le cerveau « pensant ».
2- L’intuition vraie échappe aux idées reçues, elle n’est pas le résultat d’une manipulation mentale
Il peut nous arriver aussi d’être victime de stéréotypes, de clichés, de préjugés, « à l’insu de notre plein gré » et d’appeler ça intuition. Personne n’est en effet à l’abri de ce que les chercheurs en psychologie appellent les « associations implicites » liées au sexe, à la race, à l’âge, à l’apparence physique. Dans son best-seller La force de l’intuition, Le journaliste Malcom Gladwell, rapporte le cas de ce jeune homme tué par un policier parce que celui-ci avait eu ‘l’intuition’ qu’il détenait une arme et allait l’agresser. Or, ce jeune homme en question était noir, portait une capuche, se trouvait dans une ruelle sombre d’un quartier mal famé et eu le malheur de plonger sa main dans la poche intérieure de son blouson dans l’intention d’en extraire sa carte d’identité… Le malheureux fut exécuté sans sommation.
Décryptage : en général, l’intuition aime bien aller à contre courant, elle sera plutôt du genre à vous donner une info anti-cliché. Par exemple : vous rencontrez quelqu’un de courtois, poli, bien habillé et éduqué, drôle, mais malgré tout ça, rien n’y fait, vous ne le sentez pas…
3- L’intuition vraie est indépendante de nos propres désirs, elle n’est pas le résultat d’une projection
La projection est l’un des plus gros pièges des intuitions-illusions. C’est une notion très employée par les psys. En gros, une projection désigne quelque chose qui vient de nous, et que nous plaquons sur une situation en appelant ça intuition. C’est en quelque sorte une manière de prendre ses angoisses, ses peurs, ses névroses, ses problématiques personnelles ou ses désirs pour des réalités intuitives. Exemple : un « J’ai l’intuition que tu vas réussir ton examen » peut être une projection du désir bienveillant de réussite d’un parent à l’égard de sa progéniture. Ou bien un « tu me trompes, j’en suis sûr » peut être aussi la projection d’une jalousie maladive cachant la peur d’être abandonné.
Décryptage : les personnes intuitives ont toujours une bonne connaissance d’elles-mêmes. Elles ont généralement fait un travail de compréhension de leur fonctionnement psychologique, ce qui leur permet de détecter lorsqu’elle sont face à une projection.
3- L’intuition vraie se suffit à elle-même, elle n’a pas besoin d’interprétation
Une intuition vraie contient en elle toutes les données d’une situation. Elle n’a pas besoin d’être complétée, interprétée, extrapolée ou expliquée. Sinon, il y a risque de déformation et d’égarement. Parfois en effet l’intuition nous parle sous la forme de sensations, d’impressions, positives ou négatives. Vous pouvez par exemple visiter un appartement ou une maison, et sans raison claire, vous ne « sentez pas » l’endroit. La tentation est grande alors de vouloir expliquer, rationaliser, ou interpréter ces impressions, du genre : « Ah, si je ne sens pas cet endroit, c’est sûrement parce qu’il y fait sombre, et puis la propriétaire a l’air triste, et j’ai remarqué aussi qu’elle a eu un sourire bizarre en ouvrant le port maintenant que j’y pense etc. ». En faisant cela, en cherchant à expliquer, vous vous éloignez de l’essentiel, vous risquez de déformer votre intuition de départ.
Décryptage : il est intéressant d’accepter de recevoir une information intuitive vague, sans chercher à l’interpréter. Laissez-la être, vous guider, vous inspirer, la laisser évoluer en vous. Une explication viendra peut-être toute seule plus tard, au bon moment.
« Toute vraie intuition est une intuition vraie. Le seul problème consiste à discerner dans quels cas on se trouve bien en face d’une intuition authentique, non d’un simulacre »
Edouard le Roy, philosophe
Si vous doutez de la nature « vraie » de votre intuition, commencez par observer si vous êtes tombé dans l’un des quatre pièges des intuition-illusion évoqué ci-dessus :
– Demandez-vous si cette « intuition » est éventuellement l’expression de quelque chose qui vient de vous, à savoir une peur, une angoisse, un fantasme, un désir, une volonté de faire plaisir, pensée peut-être de nature inconsciente… (= piège de la projection).
– De même, examinez si vous n’êtes pas en train d’exprimer à travers cette ‘intuition’ une idée reçue, un « cliché », un stéréotype vis à vis d’une situation ou d’une personne, comme par exemple le fameux « délit de sale gueule » qui vous ferait intuiter que quelqu’un est peu fiable ou ment, simplement en raison de son apparence physique… (= piège de la manipulation).
– Demandez-vous si vous n’êtes pas en train de « construire » cette intuition de toute pièce, en rassemblant rationnellement des morceaux d’un puzzle épars (=piège de la déduction ).
– Enfin, demandez-vous si vous n’êtes pas en train de vouloir à tout prix expliquer ou interpréter votre intuition, et que du coup, vous avez perdu le contact avec votre ressenti de départ (= piège de l’interprétation).
Phénomène évanescent, mouvant, complexe, kaléidoscopique, l’intuition, sans être ‘fausse’ en elle-même, peut manquer de précision, et donc être inexacte, au sens strict du terme. Il est important d’accepter ce côté « imparfait » de l’intuition, et d’apprendre à lui faire confiance. L’expérience personnelle est encore un des meilleurs moyens de pouvoir savoir si on ‘intuite’ vrai ou faux, et là encore il faut s’autoriser à suivre nos intuitions pour pouvoir accéder à ce savoir.
Isabelle Fontaine
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Coucou 🙂
Dans la premiére piste « elle n’a pas le temps de transiter par la conscience » je mettrais plutôt par le mental, non ?
chao
pigrosol
Pourquoi pas, en effet… Cela revient à s’interroger de la définition que chacun se fait de l’un et l’autre terme. Le mental serait la face brouillée de notre Conscience qui elle serait la ‘lumière’. Pour ma part, j’emploie le mot conscience (avec un petit c) par opposition à inconscience, c’est à dire quelque chose que l’on a pas le temps ou l’opportunité de penser, de réaliser, et donc de maîtriser ou contrôler. Merci de votre commentaire, qui permet de réfléchir sur la valeur et le choix des termes employés… 🙂