Sur les routes de l’intuition en Mongolie : l’appel des chamans

Sur les routes de l’intuition en Mongolie : l’appel des chamans

Guidée par une intuition fulgurante, portée par une série de synchronicités, je décide de partir en Mongolie à la rencontre d’êtres particulièrement spirituels : les chamans. Récit d’un périple intense, initiatique, immersion dans une nature, libre et sauvage, au contact de l’intangible.

Chaman du nord de la Mongolie pratiquant la lecture divinatoire dans des os d’omopolate de mouton.

Une ouverture au centre du toit laisse filtrer une douce lumière zénithale. Tout en clair-obscur, la yourte rayonne de la présence souriante du chaman qui me fait face. Son visage est fin, ses yeux en amande laissent à peine entrevoir la teinte foncée de ses pupilles. Avec son chapeau en velours bleu nuit, ses long cheveux grisonnants et son pantalon bouffant ceinturé de doré, il ressemble à un magicien. Il me sourit mais ne me regarde pas. Il n’en a pas besoin, à vrai dire, car il me « voit » autrement. Il lit dans mon champ énergétique qui je suis, ou plutôt, ce qui se présente à lui en cet instant et qu’il capte de moi.
Cette lecture intuitive a pour support un os d’omoplate de mouton, que le chaman m’a fait préalablement choisir et auquel j’ai chuchoté une question secrète, puis que son apprenti a passé dans le feu. Je l’observe, médusée, décortiquer sous toutes les coutures l’os devenu noir de cendre, fendillé en son milieu, le sentir, le palper, en émettant comme des petits grognements de satisfaction. Puis le chaman parle. Ce qu’il me dit, alors qu’il ne connait rien de moi et ne m’a posé aucune question, me sidère par sa justesse et sa précision.

Immensité de la steppe

Nous sommes en Mongolie du Nord, près de la frontière sibérienne, dans la région montagneuse de Khövsgöl. Dans ces grands espaces où évoluent en liberté des hardes de chevaux, de yacks, de moutons et de chèvres -et même de chameaux-, les nomades vivent dans des yourtes, se déplaçant deux fois par an pour changer de campement. Ici règne la nature dans toute sa splendeur. Immensité de la steppe, ciel infini,  entrelacs de lacs pâles et de roches, prairies fleuries d’edelweiss affleurant des forêts odorantes de mélèze… Rien ou presque sur des kilomètres pour accrocher le regard qui évoque la civilisation. Le long des pistes chaotiques, d’où bondissent ici et là d’adorables petites gerboises -petit mammifère ressemblant à un écureuil-, l’on croise de rares habitants indifféremment montés à cheval ou à moto. Ils sont vêtus des habits traditionnels, le deel, sorte de longue robe-manteau en tissu soyeux de couleur vive et de robustes bottes de cuir. C’est le plein été, la chaleur est agréable, le soleil alterne avec la pluie. Il est difficile d’imaginer que l’hiver, la tempérance chute très en dessous de zéro, avoisinant les -40.

C’est sur ces terres, et plus exactement en Sibérie -appartenant à l’empire mongol au temps de Gengis Khan- que serait né le chamanisme. Cette forme de spiritualité primordiale, proche de l’animisme, reposant sur le culte de la nature et la croyance aux esprits, aurait ensuite essaimé en Inde, au Népal, en Chine, en Corée, en Scandinavie, en Afrique, en Scandinavie, chez les Amérindiens et jusque chez les Celtes. Dans cette approche, le chaman, -homme ou femme-, est considéré comme une passerelle entre le monde des esprits, -ceux des animaux, des végétaux, des éléments, des ancêtres-, et le monde des humains. Avec ses pratiques thérapeutiques et divinatoires, le chaman s’apparente à un guérisseur, un psy de l’âme, un sorcier, un medium, un magicien… Il est celui qui lie et réconcilie le monde du visible à l’invisible, le tangible à l’intangible, le terrestre au divin, le matériel au spirituel.

Le chaman, celui qui lie le visible à l’invisible

Malgré la sévère répression exercée par l’URSS des années 20 au début 90 sur le chamanisme mongol, vue alors comme une pratique arriérée, cette culture du monde des esprits reste très ancrée dans le pays, en particulier dans la région nord. L’on rencontre au fil de la route nombre d’ovoos, des autels sacrés faits d’amas de pierres et de tissus colorés, en forme de tipi. Erigés en l’honneur des esprits de la montagne, les voyageurs s’y arrêtent, en font le tour silencieusement, y déposant parfois une offrande…Il faut dire qu’en Mongolie, le chamanisme inspire le plus grand respect, mais aussi la plus grande crainte.  Le chaman, que l’on va voir en cas de problèmes, est admiré mais tout autant redouté, voire fui. Ce qu’il peut dire ou révéler fait peur. La pire des prédictions étant pour un Mongol d’apprendre qu’il est lui-même chaman, l’obligeant ainsi à se mettre au service de ses semblables pour les guérir sous peine d’endurer lui-même de sévères maladies !
Au cours de mon voyage, je rencontre divers chamans, hommes et femmes, aux pratiques différentes. Certains ont une approche traditionnelle, comme celui à l’omoplate de mouton -que l’on peut rapprocher de la divination dans le marc de café de nos temps anciens- ou plus moderne, sans support particulier. La plupart recourent à la guimbarde ou au tambour, attributs permettant d’effectuer des « nettoyages énergétiques » et de rentrer en transe. L’on rencontre aussi des « chamans bouddhistes », c’est-à-dire mélangeant une approche rituelle chamanique et des traditions tibétaines. Beaucoup sont issus de familles de chamans, mais pas tous. Il arrive que certains soient désignés en dehors de toute filiation connue. Quoi qu’il en soit, l’intuition est bien leur premier outil, c’est-à-dire leur capacité à capter des informations en dehors de tout circuit rationnel et pensant.

Vision intérieure et feu sacré

La Mongolie, les chamans, l’aventure… Fidèle à mon chemin de me laisser guider par les synchronicités et l’intuition, je décide, quelques mois tôt, de partir, sur un »insight ». Alors en plein travail à mon ordinateur, je m’interromps brusquement. Je SAIS de manière fulgurante, instinctive, que je dois faire un « voyage spirituel » avant la fin de l’année. Je m’entends dire à haute voix où je dois aller. Je suis moi-même étonnée, ne connaissant pas la Mongolie et ne m’y étant jamais intéressée -du moins consciemment- auparavant. Tout va ensuite très vite. En quelques clics, portée par une évidence lumineuse, je trouve « mon » voyage. Je SAIS que c’est celui-là, je SAIS que c’est à cette date là… Pourtant, à ce moment là, j’ignore si je pourrai me libérer pour ce créneau, et j’ignore s’il y a de la place disponible. Une suite d’événements m’amène en quelques heures à concrétiser cette intuition, une place se libérant in extremis dans le groupe déjà pourtant constitué, tandis que des facilités « extra-ordinaires » me sont faites sur mon planning d’été. Tout me confirme ce que je sais, ce que je ressens comme juste au plus profond de moi…
Je fais, au cours du voyage, hormis les découvertes avec les chamans, des rencontres humaines fortes. Je vis et traverse des épisodes émotionnels intenses, vit des synchronicités, fait des liens entre divers événements de ma vie, accueillant d’importantes prises de conscience avec le plus d’ouverture possible. Lorsqu’on laisse le « hasard » piloter sa vie, le lâcher prise et l’acceptation sont des attitudes aussi primordiales que difficiles à incarner. Je résiste un peu, puis laisse le flot des « hasards » m’enseigner, m’initier, me permettre d’aller à ma propre rencontre… Les chamans m’ouvrent de nouvelles pistes. J’écoute ces « maîtres » en intuition avec respect, sans me départir de mon esprit critique et de mon libre arbitre. Je sais que dans ce domaine, tout est sensible. Garder sa vision claire intérieure est crucial.

Sous la yourte, la consultation avec le chaman à l’omoplate de mouton est désormais terminée. Je le remercie en joignant les mains sur ma poitrine. Je repars avec plus de connaissances sur moi, les autres et le monde. Dehors, le ciel chargé de nuages menaçants s’est apaisé. Le soleil va bientôt se coucher sur le lac majestueux que nous surplombons depuis notre campement. Les couleurs illuminant l’eau et le ciel sont sublimes. Nous nous réunissons autour d’un feu sacré, ceint d’un muret de pierres d’ardoise. Après quelques échanges, nous laissons le silence tisser entre nous les liens de cœur et d’âme nous ayant guidés jusqu’ici. Tout résonne d’une profonde justesse.
Infinie gratitude.

Isabelle Fontaine

Voir ci-dessous le portfolio des images du voyage

Venez rejoindre mes programmes sur l’intuition : Stage « Développer son intuition pour cheminer vers soi » à Brocéliande, du 6 au 10 mai 2024, Stage « Rêves : la connexion intérieure » en Bretagne Finistère du 22 au 26 juillet 2024, « Développer son intuition pour prendre des décisions plus efficientes » , formation professionnelle Qualiopi 20-21 avril 2024 à Paris. Renseignements et inscriptions Isabelle Fontaine [email protected]; 06 63 72 25 23

 

6 commentaires

  1. Alix Toussaint

    Encore un très bel article, illustré de magnifiques photos qui donnent l’envie du voyage en Mongolie ! Merci Isabelle, une fois de plus vous nous faites rêver !

    Réponse

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

oeuvre Magritte pop-up newsletter

Allez à la rencontre de votre intuition

 

Découvrez des articles pour développer votre intuition.

Ainsi que les dates des stages, événements à venir et sortie de livre.

Rejoignez dès maintenant mes 2 000 autres abonnés.

Merci pour votre inscription, on se retrouve très vite dans votre boîte mail.