Henri Poincaré : « C’est avec la logique que nous prouvons et avec l’intuition que nous trouvons »

Henri Poincaré : « C’est avec la logique que nous prouvons et avec l’intuition que nous trouvons »

Mathématicien, philosophe, physicien et ingénieur français, Henri Poincaré (1854-1912) est considéré comme l’un des derniers grands savants universels. Grand vulgarisateur scientifique, il a accordé une place de choix à l’intuition. Elle est pour lui celle qui permet la création et l’invention en mathématiques.

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Henri Poincaré, l’un des plus grands mathématiciens du début du XXe siècle était un ferveur adepte de l’intuition.

Henri Poincaré, à ne pas confondre avec son cousin Raymond qui fut président de la république pendant la première guerre mondiale, était un de ces grands savants universalistes, tout à la fois ingénieur, physicien théoricien, mathématicien et philosophe. Il a marqué l’histoire des sciences par des travaux majeurs couvrant un large spectre : optique, calcul infinitésimal, ondes hertziennes, étude des marées ou encore théorie du chaos. L’histoire raconte qu’il aurait même inspiré Einstein dans l’élaboration de sa théorie de la relativité, une vieille polémique lui en accordant même la paternité…

Eclairs intuitifs

Ce génie des sciences était aussi un fervent adepte de l’intuition. Celui à qui l’on doit la formule lapidaire : « C’est avec la logique que nous prouvons et avec l’intuition que nous trouvons», était coutumier d’éclairs mathématiques intuitifs qui survenaient à l’improviste, alors que le chercheur était occupé à tout autre chose. Il en raconte un exemple dans le chapitre « L’invention mathématique », issu de son ouvrage Science et Méthode :

« A ce moment, je quittai Caen, que j’habitais alors, pour prendre part à une course géologique entreprise par l’École des Mines. Les péripéties du voyage me firent oublier mes travaux mathématiques ; arrivés à Coutances, nous montâmes dans un omnibus pour je ne sais quelle promenade ; au moment où je mettais le pied sur le marche-pied, l’idée me vint, sans que rien de mes pensées antérieures parut m’y avoir préparé, que les transformations dont j’avais fait usage pour définir les fonctions fuchsiennes sont identiques à celles de la Géométrie non-euclidienne. Je ne fis pas la vérification ; je n’en aurais pas eu le temps, puisque, à peine assis dans l’omnibus, je repris la conversation commencée, mais j’eus tout de suite une entière certitude. De retour à Caen, je vérifiai le résultat à tête reposée pour l’acquit de ma conscience. »

Une fulgurance, survenue hors contexte dans un moment de détente, amenant une « entière certitude » : voilà bien les caractéristiques d’un « insight », ou intuition de type Eurêka que décrit ici Poincaré, et que l’on rencontre de manière générale aussi bien dans l’histoire des sciences que dans la création artistique, sous forme d’inspiration subite. Grand intuitif lui-même, et convaincu du rôle de l’intuition en sciences, Poincaré explique dans son ouvrage La Valeur de la science, qu’elle est comme « un contrepoison à la logique ». C’est à dire pour lui, l’intuition est la marque d’une nécessaire ouverture vers des formes de pensées plus libres, moins sclérosées et enfermées dans des démonstrations figées.

De hardis cavaliers d’avant garde…

Convaincu du rôle de l’intuition, en particulier dans la science mathématique, Poincaré lui a même consacré dans ce dernier ouvrage un chapitre tout entier intitulé « L’intuition et la logique en mathématiques ». Sa vision est claire. D’un côté il y a les purs rationnels, ceux qui n’abandonnent rien au hasard, avançant péniblement dans leurs recherches, et de l’autre ceux qui utilisent leur intuition, de « hardis cavaliers d’avant garde » faisant des conquêtes rapides, mais parfois précaires. Tout en reconnaissant que les deux réalisent de « grandes choses ». Cependant, pour Poincaré, l’intuition a ce petit plus qui a trait à la création :

« Pour faire une science quelconque, il faut autre chose que la logique pure. Cette autre chose, nous n’avons pour la désigner d’autre mot que celui d’intuition. (…) Ainsi, la logique et l’intuition ont chacune leur rôle nécessaire. Toutes deux sont indispensables. La logique qui peut seule donner la certitude est l’instrument de la démonstration : l’intuition est l’instrument de l’invention. »

Isabelle Fontaine

Sources :
La Valeur de la science, Henri Poincaré, Flammarion, 1911
Sciences et Méthode, Henri Poincaré, Flammarion, 1908

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2 commentaires

  1. Elisa

    L’intuition comme contrepoison de la logique… Très belle formule qui offre un bel angle pour une réflexion. Merci 🙂

    Réponse

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